Dans l'eau de la claire fontaine Elle se baignait toute nue. Une saute de vent soudaine Jeta ses habits dans les nues.
En détresse, elle me fit signe, Pour la vêtir, d'aller chercher Des monceaux de feuilles de vigne, Fleurs de lis ou fleurs d'oranger.
Avec des pétales de roses, Un bout de corsage lui fit. La belle n'était pas bien grosse Une seule rose a suffit.
Avec le pampre de la vigne, Un bout de cotillon lui fit, Mais la belle était si petite Qu'une seule feuille a suffi.
Elle me tendit ses bras, ses lèvres, Comme pour me remercier... Je les pris avec tant de fièvre Qu'ell' fut toute déshabillée.
Le jeu dut plaire à l'ingénue, Car, à la fontaine souvent, Elle s'alla baigner toute nue En priant Dieu qu'il fit du vent,
Qu'il fit du vent...
Georges Brassens |